Concours du plus long message posté lors d'un Rp.

La vie n’est qu’un jeu et les pions sur l’échiquier finissent toujours par en prendre conscience.

La louve enfoui ses yeux jaunâtres dans mon regard et je ne cillai pas. Mon corps irradiait de puissance, et aucune onde de peur ne se faisait sentir. Je ne bougeai pas, ma carrure figée comme une statue de glace. La tête haute, le regard fier et provocateur, j’incarnai la dominance même, la royauté en personne. Comme une reine, je portai le fardeau de mon clan et je pouvais m’abaisser à son regard de braise. Elle n’était qu’une ennemie, une inférieure, une soumise. Elle n’allait pas avoir le dessus. Ce n’était pas avec quelques mots bien placés que l’on domine ses adversaires. Mes muscles saillants tendus sous mon poil, je me préparai intérieurement au combat. Je n’étais pas une petite chienne frêle et maigre, chétive et seule. J’étais un malamute trapu au poitrail développé et aux muscles endurcis par le combat et l’entrainement. La louve n’était qu’une silhouette plus haute que moi, plus expérimentée mais pas rusée. Elle ne faisait pas mon égal. Elle était puissante et je ne sous-estimai pas sa force. Elle avait grandi dans ce milieu et en avait battu et mis au tapis plus d’un. Je ne pouvais m’abaisser face à elle. Nous étions seules et j’en faisais une affaire personnelle. Mon esprit bouillonnait de techniques et de postures de combat. J’étais prête. Elle ne m’aura pas. Je ne fléchi pas, mon regard toujours encré dans le sien. Depuis le début, je n’avais pas renoncé, je m’étais battu pour les mêmes causes perdues. Cela ne changera pas. Je me battrai jusqu’à la mort. La sienne ou la mienne. L’honneur de mon clan ne dépendait que de moi. Et dans l’ombre, je le savais, la bataille était imminente. La trêve était rompue. Et le compte à rebours avait déjà bien commencé.



Le vent sifflait bruyamment, balayant la plaine de ses bourrasques glaciales. De maigres touffes de lichen résistaient encore et encore à survivre dans ce milieu hostile. Les rafales balayaient le sol gelé, emportant avec eux la fine poudreuse qui recouvrait les roches. Le paysage désertique inspirait à la solitude, à la réflexion et à la contemplation de cette toundra sauvage. De touffus sapins restaient serrés les uns contre les autres, se protégeant mutuellement du froid qui ravageait la plaine. Les températures extrêmes n’offraient que peu de répit aux animaux qui survivaient dans ce milieu hostile. Les minces lemmings hibernaient, reculés et loin de tout dans leurs terriers. Les rapaces survolaient ce désert de neige et de glace, guettant l’apparition d’un des frêles rongeurs. Dans ce royaume où l’Hiver abat ses cartes et où la Mort cueille les plus fragiles, la seul et terrible loi du Wild règne et rythme la courte vie de ses habitants. Tout n’est qu’une question de survie. Manger pour pouvoir avoir un minimum d’énergie et chasser en brûlant cette énergie pour survivre. Tout n’est qu’un cycle sans fin où la moindre erreur, le moindre faux-pas est fatale. Dormir, c’est prendre conscience que l’on ne pourrait que mourir de froid. Chasser, c’est brûler ses dernières énergies à trouver de la nourriture. Si c’était si simple. Quand l’on dit que ce n’est qu’une question de survie, vos prédateurs assoiffés de votre vie ne sont pas que le froid qui domine. Survivre au climat et survivre aux autres. Manger ou être mangé. Vivre ou mourir. La cruelle et inévitable loi du Wild. Et vos ennemis ne sont pas que vos prédateurs naturels. L’ambition s’ajoute au crime, le crime au meurtre et ou la stratégie et la logique passe avant la passion. Pensez-vous avoir le temps de vous reposer calmement ? Non. Ici, le tic-tac de la Mort est partout. Le compte à rebours est commencé dès vos premiers pas sur le sol glacé et votre destin est inévitable, incontournable. Seuls les plus forts survivent, les faibles et les fragiles meurent. Bienvenue dans mon monde.



Mon regard était toujours encré dans celui de la louve et je n’avais pas bougé d’un pouce. On aurait cru qu’un courant d’électricité et de rage nous reliait. C’était un duel au sommet où on n’avait pas le droit à l’erreur. Il n’y aurait pas de deuxième chance, il faudra tout donner, maintenant. Je n’avais pas prononcé une seule parole. Le spectacle était à couper le souffle et le silence devenait pesant. Toute la nature alentours c’était tue. Les lemmings étaient retournés dans leurs terriers, les cervidés avaient changé de territoire et le calme régnait en maître. En un seul bond, le spectacle commencerait et les combattants entreraient en scène. Dans cette arène de neige et de glace, il n’y aura aucune pitié, aucune retenue. Les crocs entailleraient la chair au plus profond, les griffes balafreraient sauvagement les poitrails et la tension sera si haute que même le contact avec le sol dur et gelé ne saura arrêter la bataille qui allait s’engager. Le gagnant recevra la gloire et la puissance, le perdant n’aura que comme unique cadeau de consolation, un aller sans retour pour les Enfers. Cruel ? Si le combat est cruel, le monde n’est qu’Enfers. Pas de place pour le Paradis dans ce pays de glace et de neige. Il suffira d’un seul bond, d’un seul mouvement pour que la cloche sonne. Et le combat s’engagera. Ce sera rapide, cruel et sanglant. Et la loi du Wild règnera une fois de plus. Mais c’était nécessaire. En tant qu’affaire personnelle, il n’y aura pas de jolie petite fin à cette histoire. Mes muscles se tendirent une dernière fois et d’un hurlement de rage, je bondis sur la dominante.



Rageuse, je mordis de toutes mes forces dans la fourrure de la louve. Mes crocs aiguisés s’enfoncèrent dans la chair et du sang perla sur le pelage blanc pâle de la dominante. Le combat venait de commencer, et l’issue ne serait que fatidique. Mon acte aurait pu être considéré comme suicidaire, comme irresponsable de la part d’un jeune malamute tout juste expérimenté. Après tout, je venais d’attaquer une louve puissante, aux muscles saillants et qui avait passé sa jeunesse à s’entrainer et à perfectionner sa technique. J’étais confiante. Je n’abandonnerai pas. Jamais. Ma fierté et mon rôle de dominante m’en empêchait. Je savais les conséquences et le possible issu de ce combat. Je n’avais pas peur. Rageuse, je ne desserrais pas les crocs, entaillant un peu plus la chair. D’un coup d’épaule, la louve me fit lâche prise et je me retrouvai sur mes quatre pattes, mon museau sanglant à deux petits centimètres de celui d’Oukhta. D’un chuchotement, je murmurai un dernier avertissement avant de me relancer dans la bataille d’un hurlement de rage et de haine :



La mort est au bout de sa voyage, ma très chère Oukhta.



D’un ricanement sadique, je bondis une nouvelle fois et me replongea dans la bataille. Nos pelages se mêlaient, mon gris ardoise tranchant sur le blanc coton de la dominante. Le hurlement du vent s’était tut et seuls nos hurlements de colère et de rage résonnaient dans la plaine. Je n’étais plus Voulvyk, dominante de la meute d’Irtych, j’étais possédée par une force inqualifiable. Il n’y aura pas de quartiers. Ma très chère Oukhta, il ne sera pas nécessaire de te rappeler qu’elle sera l’issue de ce combat. Mon esprit bouillonnant de colère et le feu des Enfers dansant dans mes yeux, je plongeai une dernière fois mon regard de braise dans celui de la louve avant d’éclater d’un ricanement sadique et de me jeter dans la bataille qui se déroulait au sommet de cette colline de neige sous les yeux de la Mort qui n’attendait que la fin de son combat. Une excellente arbitre, dois-je dire.